une commune nouvelle

Aristide Béguine
l'Inventeur du Puits-Bouillant

13/05/2025

Le Puits-Bouillant est l'une des cavités majeures et des plus intéressantes du département de l'Yonne. Elle est exceptionnelle par sa longueur et ses dimensions (2 000 m de galeries, 26 m de dénivelé) pour une cavité dans la craie. 
Le 23 février 1887, Aristide Béguine, hydraulicien, obtint « le droit à perpétuité au Puits Bouillant, le droit de circuler tout autour du Puits et de faire dans l'intérieur de ce puits tout travaux comme d'y poser tous les conduits et descentes de tuyaux nécessaires à faire monter l'eau, sans autre communauté que celle du puits ». 
Aristide Béguine installa un bélier hydraulique en bas du Puits-Bouillant, à près de trente mètres de profondeur ! On en voit encore les traces aujourd'hui. 

Le premier explorateur de la rivière 

Dans une communication à la Société des sciences, Aristide Béguine (1887) donne sa vision du Puits-Bouillant. Elle est extravagante : « On peut aller à 5 ou 6 kilomètres ; à 3 kilomètres environ dans cette galerie, il y a une cavité supérieure où l'eau du Vrin s'entonne, c'est un fait bien connu des habitants […] Je suis allé 2 ou 3 kilomètres plus loin. À cette distance il y avait un trou fait par une cascade que je n'ai pas pu franchir. Ce tunnel est tout droit, il n'y a que 4 coudes de 9 mètres de longueur […] Je crois que l'on pourrait y faire un chemin où un chemin de fer pourrait relier la vallée du Tholon à la vallée du Vrin. À deux cents mètres de ce tunnel il y a un puits où il y a des paillettes d'or. On pourrait tirer du fer qui se trouve en plaques de quelques mètres de largeur et aussi de l'ocre ». 

Toutefois, aussi saugrenues soient-elles, ces descriptions ne peuvent laisser indifférent. Elles montrent que dès le début, les habitants ont compris que le Puits-Bouillant drainait une partie des eaux du Vrin qui allaient ainsi rejoindre le Tholon. Par ailleurs, on remarque deux points dans la description d'Aristide Béguine, qui nous autorisent à penser qu'il a visité la rivière sur environ 470 mètres. En effet, il décrit parfaitement la « marmite » et la cascade sur lesquelles il s'est arrêté, mais il la situe à 5 kilomètres environ de l'entrée. Ceci nous conduit à mettre en parallèle l'endroit où le Vrin s'entonne et qu'il localise à 3 kilomètres (ce qui est la réalité en surface) avec une cheminée de 15 mètres de laquelle l'eau tombe en pluie et que l'on retrouve à 303 mètres du puits d'entrée. 

Foisonnant de projets pour lesquels il n'a jamais été pris au sérieux, « Lonlon », comme on le surnommait dans le pays, est décédé dans sa quarante-sixième année, totalement incompris et découragé. Il fut inhumé au cimetière de Saint-Aubin-Château-Neuf le 29 mars 1895. 

Pratiquement un siècle plus tard, sa mémoire sera réhabilitée par l'inauguration d'une plaque commémorative au gîte du Puits-Bouillant. 

Extrait des notes du Comité départemental de spéléologie de l'Yonne