une commune nouvelle

L’abbé Noirot

13/05/2025

Curé et historien de notre campagne, l'abbé Noirot fut l'une des personnalités marquantes du village de Saint-Aubin-Château-Neuf durant une cinquantaine d'années. 
II est né à Antony (Hauts-de-Seine) le 15 janvier 1916. Après ses études au séminaire, ii enseigna la philosophie et la théologie. Durant la guerre de 1939-45, il fut fait prisonnier dans un camp en Allemagne. Ordonné prêtre en 1950, il fut nommé pour des raisons familiales à Saint-Aubin-Château-Neuf par Mgr Lamy en 1955 et y restera jusqu'en 2005. 

L'allié des jeunes du village 

Dès 1958, l'abbé Noirot accepta d'endosser des responsabilités familiales afin de suppléer à l'absence de son frère Charles hospitalisé pour une longue durée. Le presbytère de Saint-Aubin devint le refuge de ses dix neveux et nièces. C'est ainsi que l'abbé va s'investir dans cette nouvelle charge. 

II saura faire confiance à la jeunesse du village en lui procurant un lieu pour s'y réunir. Ce sera la salle dite « Salle des jeunes, ancienne école des sœurs située rue du Puits-Bouillant et devenue le musée Larcena. On y jouait au ping-pong et au baby-foot, on y écoutait aussi de la musique. Puis le diocèse récupéra l'ancienne école des sœurs pour la vendre. 

Par la suite, dans les années 2000, l'abbé aida à financer la présence d'une animatrice pour les jeunes qui se réunissaient sous le foyer communal, lieu qui est au- jourd'hui la bibliothèque. II fut à l'origine de la création d'activités destinées aux adolescents de nos villages, regroupées dans l'association Activ'ados. L'abbé Noirot aimait son village et soutenait financièrement toute initiative tendant à l'animer ou à l'embellir, comme Le Triptyque, sculpture d'lsmail Yildirim qui initia le Chemin des Arts. 

La vallée d'Aillant en cinq volumes 

Devenu le curé de sept paroisses, l'abbé Noirot s'est pris d'intérêt pour ce territoire et ses habitants. Installé dans le presbytère de Saint-Aubin, levé dès 5 heures du matin, il écrivait son ouvrage à partir des 2000 fiches rédigées lors de ses recherches aux Archives départementales à Auxerre 

Au début, il a publié son travail dans son journal paroissial Semence puis 7jours (volumes consultables à la bibliothèque). 

Le premier volume de La vallée d'Aillant consacré aux églises de l'Aillantais fut publié en 1973 préfacé par Mgr René Stourm. Par la suite, un nouveau livre fut publié annuellement, avec l’aide de son neveu Philippe qui réalisa toutes les photos. 

En 1974 : Monuments et témoins de la vie passée, préfacé par son ami le peintre Robert Falcucci. Ce volume décrit les nombreux châteaux de l'Aillantais et le patrimoine légué par nos anciens. 

En 1975 : Jalons pour l'avenir, qui cite les différents projets en cours dans I’Aillantais. Ce volume est préfacé par le conseiller général Raymond Pourrain, également passionné par le patrimoine local et qui participa à la sauvegarde de notre patrimoine local (rivière souterraine du Puits-Bouillant, etc.). 

- En 1976 et 1977, deux nouveaux tomes : Des origines à nos jours, t.1 et 2, préfacés par Léon Noël, conseiller d'État et ancien ambassadeur. Les deux volumes retracent l'histoire générale de notre territoire depuis l'âge de la pierre taillée jusqu'au cataclysme de la guerre 39-45. 

Ces cinq livres comptent plus de 600 photographies originales réalisées par son neveu. 

Mais l'abbé Noirot désirait poursuivre ses écrits et il publia de nombreux ouvrages sur l’histoire religieuse de la région, ce qui lui valut de nombreux prix ainsi que les Palmes académiques en 1980. 

Son église de Saint-Aubin 

Le père Alype-Jean Noirot devint un grand ami de son voisin le peintre Robert Falcucci qui réalisa son portrait actuellement exposé dans l'église de Saint Aubin, dans laquelle on trouve également de nombreuses œuvres données par le peintre. 

Cette église porte encore aujourd'hui les traces des restaurations qu'il aura initiées, à l'extérieur comme à l'intérieur. L'abbé Noirot portait également un grand soin au mobilier et à tous les objets se trouvant dans l'église. Il a tout consigné dans un inventaire en 1985. 

La défense du patrimoine rural 

Laissons l'abbé Noirot conclure : « Je serais heureux personnellement au travers de ce gros travail d'époussetage d'archives - et Dieu sait si votre curé en a avalé de la poussière ! - je serais heureux que vous arriviez à prendre un goût tel pour vos villages que vous en soyez les défenseurs nés, que vous n'acceptiez pas que demain on vienne briser, ternir, déflorer ce qui vous appartient par droit d'héritage, et ce que vous avez le droit de garder précieusement pour vos enfants.[…] Il vous appartient de Ieur faire aimer cela et de faire que vos villages restent de dimension humaine l'on se connaît, l'on se rencontre, l'on se sourit. » 

Ainsi parlait le père Noirot, grand défenseur de notre patrimoine rural. 

Il est décédé le 21 juillet 2007 et repose dans le cimetière de Saint-Aubin non loin de son ami le peintre Robert Falcucci. 

D’après Philippe Noirot